La crise sanitaire du Covid-19 a porté un coup dur à tous les secteurs d’activité en France, ceux de l’informatique et du numérique y compris.
Aujourd’hui, l’heure est à la reconstruction : il faut imaginer le monde d’après. Jusqu’alors compté parmi les secteurs d’activité les plus porteurs – avant la crise, la fonction informatique avait prévu d’embaucher près de 67000 cadres en 2020*
– qu’en est-il réellement sur le terrain pour l’emploi informatique? Et surtout, peut-on prédire à quoi ressemblera la filière dans quelques mois ?
*Source : étude prospective de l’Apec en juin 2019 sur le marché de l’emploi cadre dans les activités informatiques, menée auprès de 10000 entreprises.
Avant la crise : le marché de l’emploi informatique au beau fixe
Un secteur dynamique et très ouvert
Si une chose est sûre, c’est qu’avant la crise du Covid-19, l’informatique avait le vent en poupe sur le marché de l’emploi, en particulier en région parisienne, région Rhône-Alpes, Bordeaux, Marseille et Aix-en-Provence.
Qu’il s’agisse de grands groupes, entreprises industrielles, start-ups, ESN, banques, administrations… Tous affichaient une demande très claire : dénicher les talents qui leur permettraient de mener à bien leurs projets et maintenir leur croissance économique.
S’ils étaient toujours en affinité avec la compétence informatique au sens large, ces talents pouvaient se référer à de multiples spécialisations.
Parmi ces dernières : Big Data, architecture logicielle, maintenance des infrastructures, gestion des systèmes d’administration ou encore intelligence artificielle.
Concernant les profils les plus recherchés, ceux de Développeur Web, Data Scientist ou encore Architecte Informatique.
Les métiers de la sécurité informatique et des systèmes et réseaux étaient eux aussi particulièrement prisés, à l’heure où l’importance stratégique de la Data ne se posait plus.
En ce qui concerne les entreprises spécialisées dans les activités informatiques, les chiffres ne manquaient pas d’être au rendez-vous pour illustrer la hausse des besoins en matière de recrutement (éléments toujours issus de l’étude prospective de l’Apec menée en juin 2019) :
- En 2018, la création d’emplois cadres dans le secteur représentait 23% de l’ensemble des créations d’emplois cadres au niveau national (soit 17 000)
- 92% des entreprises envisageait de recruter au moins un cadre au quatrième trimestre 2019
- Les informaticiens représentaient près de 7 recrutements de cadres sur 10 en 2018
Un recrutement de plus en plus complexe
Depuis quelques années déjà, le secteur de l’informatique est marqué par une forte tension.
D’un côté, les entreprises sont de plus en plus nombreuses à vouloir recruter des talents.
De l’autre, on note au contraire une pénurie des profils spécialisés qui tend à complexifier de plus en plus les process de recrutement.
En 2019, les trois quarts des recruteurs du secteur exprimaient leur difficulté à trouver des candidats adaptés au(x) poste(s) à pourvoir.
Pour les candidats, c’est une aubaine : très prisés, ils n’ont que l’embarras du choix tant la demande est forte. Ainsi, un grand nombre d’entre eux se voit proposer plusieurs postes en CDI en même temps, voire même avant l’obtention de leurs diplômes.
De ce fait, les salaires sont légèrement à la hausse (ils l’étaient tout du moins avant la crise) et les entreprises font tout pour appâter leurs futurs talents.
Cela se traduit notamment par des conditions de travail alléchantes (télé-travail, freelance, technologies, projets…) et un process de recrutement qui a dû s’adapter. En effet, les recruteurs savent qu’ils doivent désormais faire preuve de réactivité pour éviter de passer à côté d’un candidat.
Les offres d’emploi se sont d’ailleurs largement ouvertes à d’autres types de profils : juniors, candidats en reconversion professionnelle, jeunes en stage et même autodidactes.
Malgré tout, les difficultés de recrutement persistent dans le secteur tant les compétences recherchées tendent à s’affiner.
Les formations en Big Data ou Intelligence Artificielle sont encore trop peu nombreuses alors que les entreprises privilégient les profils très spécialisés (sécurité, MOA, langages de programmation…) aux profils plus polyvalents.
Une forte demande qui se traduit également au niveau du salaire : en moyenne 50K€ annuels pour un Directeur de projets MOA junior et jusqu’à 130K€ annuels pour un Responsable sécurité informatique.
Marché de l’emploi IT : quelle vision pour l’après-Covid-19 ?
Après la crise, la sécurité de l’emploi menacée ?
Il est vrai que certains profils sont toujours fortement recherchés malgré la crise – c’est le cas notamment des consultants indépendants, des techniciens telecom ou encore des Responsables en cybersécurité.
Néanmoins, force est de constater que la baisse de la demande concerne la majeure partie des profils qui étaient pourtant très “tendance” avant le Covid-19 (on enregistre en moyenne une chute de la demande de l’ordre de 50% à 70%).
Les clients des entreprises spécialisées dans l’informatique étant eux-mêmes en difficulté, la demande a plus que chuté et le rallongement des délais de paiement met en difficulté la trésorerie des plus petites structures.
D’après une étude menée auprès de 166 entreprises du numérique en avril 2020 par Syntec (“Baromètre Covid-19 du secteur numérique”), 74,1% des dirigeants redoutent une baisse de 22,9% de leur chiffre d’affaires prévisionnel au deuxième trimestre 2020.
En parallèle, les investissements réalisés par les entreprises en matière d’informatique et de numérique risquent eux aussi d’impacter la demande sur le marché de l’emploi.
Au niveau mondial, la chute de ces dépenses est estimée à 2,7% en 2020, d’après IDC France (cabinet de conseil et d’études sur le marché des technologies de l’information).
Malgré une baisse de la demande, des possibilités pour rebondir
L’arrêt quasi-complet de toute activité économique pendant le confinement et les conséquences toujours actuelles de la crise sanitaire ont provoqué un boom de l’activité numérique dans presque tous les secteurs.
Forcées d’actionner de nouveaux leviers pour maintenir leur activité, les entreprises ont largement misé sur le numérique.
D’après une autre étude menée par l’éditeur américain AppDynamics le 27 mai dernier auprès de professionnels de l’IT, 95% des organisations interrogées pendant la pandémie auraient changé leurs priorités technologiques à tel point que l’expérience client en ligne serait désormais centrale.
Une prise de conscience qui amène à penser que les entreprises seront de plus en plus nombreuses à vouloir se doter des bonnes compétences dans ces domaines, et donc continuer à recruter (les offres d’emploi continuent d’ailleurs d’être mise en ligne sur la plateforme Lesjeudis.com).
La crise a par ailleurs engendré une utilisation de l’informatique et d’internet encore plus massive qu’auparavant.
Les entreprises ont pris conscience de l’importance de l’écosystème digital, ce qui donne de l’espoir pour les acteurs de la filière. Parmi elles, 98% ont déjà recours au télétravail pour maintenir leur activité à distance.
On constate néanmoins que certains domaines de la filière informatique sont moins impactés par la crise : c’est le cas de l’édition et la vente de logiciels, contrairement à d’autres secteurs comme la logistique et la relation client qui sont, eux, plus durement touchés.
Pour conclure…
La crise du Covid-19 n’a pas épargné le marché de l’emploi informatique, en particulier les activités de conseil, engendrant en parallèle des insolvabilités du côté fournisseur comme du côté client.
Les acteurs de la filière espère pouvoir compter sur une reprise de l’activité d’ici les trois prochains mois. En ce sens, Syntec Numérique et le syndicat professionnel Tech In France ont d’ores et déjà formulé 75 propositions visant à relancer l’activité des entreprises à court terme.
Reste à voir si le contexte actuel ne fera que renforcer la tension déjà très forte du marché de l’emploi, les entreprises risquant d’être encore moins nombreuses à recruter des candidats.
Toudroa
Mais personne ne veut des jeunes sans expérience professionnelle.
Résultat: D’avantage de jeunes sans expérience professionnelle.