Le télétravail : pour ou contre ?

Très courant dans les pays nordiques, le télétravail, surtout dans l’informatique, se développe enfin en France. L’assouplissement du cadre légal, l’accélération de la transition numérique et les retombées positives en terme de productivité et de bien-être des télétravailleurs se conjuguent pour rendre attractif le travail à domicile auprès des entreprises comme de leurs salariés.

Selon la dernière étude de Malakoff Médéric-Humanis, 5,2 millions de salariés du secteur privé pratiquent régulièrement le télétravail. Cette tendance est particulièrement notable dans les grandes entreprises, dans le secteur du service et pour les fonctions à forte vocation nomade comme le marketing, le développement informatique, le design ou les télécoms et réseaux.

Touchant désormais près de 30 % des effectifs des entreprises de plus de 10 salariés, le travail à domicile fait l’objet de nombreuses études psychosociales afin de déterminer ses impacts bénéfiques et négatifs auprès des salariés, des managers et des entreprises. Ces enquêtes permettent d’identifier clairement les avantages et les inconvénients de cette mutation de l’environnement de travail de nombreux professionnels.

Si vous avez encore quelques doutes sur l’opportunité d’adopter une part de télétravail dans votre quotidien en entreprise, voici un point sur les avantages et les inconvénients perçus par les télétravailleurs interrogés par l’observatoire OBERGO.

Le télétravail, vecteur d’amélioration de la qualité de vie et du bien-être au travail

Les études menées sur les effets réels du télétravail sur les conditions de vie et de travail des personnes qui en bénéficient sont formelles. Quelques jours de travail à domicile, chaque semaine, contribuent à améliorer la qualité de vie personnelle et familiale des télétravailleurs, aident à diminuer la fatigue physique et le stress lié aux transports, participent à une augmentation de la productivité et favorisent la qualité du travail produit.

Limitation des trajets entre le domicile et le lieu de travail

L’impact du temps de trajet sur le bien-être, le stress et la présence des salariés sont des facteurs reconnus. Alors qu’un temps de trajet inférieur à 40 minutes n’affecte que peu les performances d’un salarié, une durée supérieure va contribuer à augmenter son insatisfaction, son implication, son niveau de stress tout en réduisant de 16 minutes le temps de présence au bureau.

La possibilité de faire du télétravail représente un attrait incontestable pour les 21 % de Français qui mettent plus de 45 minutes pour rallier leur domicile de leur lieu de travail.

Le travail à domicile permet d’éviter les contraintes des embouteillages, le stress occasionné par des conditions de circulation parfois chaotiques et la perspective de retards.

Productivité en hausse

En pratiquant leur travail de leur domicile, d’un espace partagé ou d’un bureau satellite proche de chez eux, les salariés en télétravail et nomades rapportent une augmentation de leur productivité. Leur absence du bureau leur permet notamment de moins être dérangés dans leurs tâches quotidiennes, d’atteindre un meilleur niveau de concentration et une meilleure efficacité grâce à un environnement sonore calme et maîtrisé. Un avantage non-négligeable pour l’ensemble des métiers qui nécessitent un haut niveau de concentration pour progresser sereinement, comme les codeurs par exemple.

Cette amélioration de la productivité est toutefois également due à une légère augmentation du temps de travail, notamment une mise à profit du temps gagné dans le transport matinal pour commencer plus tôt.

Meilleure gestion de ses temps de vie

Le temps gagné sur le trajet du soir permet aux télétravailleurs de s’ouvrir à des nouvelles possibilités sociales, familiales ou personnelles. Selon le niveau de flexibilité de ses horaires, il pourra chercher ses enfants à l’école, prendre des rendez-vous personnels ou se rendre disponible pour des activités sportives ou sociales. Cette meilleure gestion se conjugue de plus avec une plus grande qualité de sa disponibilité rendue possible par une journée passée dans un environnement moins stressant et moins fatiguant.

Sentiment de liberté et d’autonomie

La situation de télétravail permet souvent au salarié de sortir partiellement de la rigueur des conditions de travail au bureau. Il gagne en autonomie avec une hiérarchie en apparence moins présente, ainsi qu’en implication grâce à la confiance que son management lui fait preuve.

Cette possibilité de librement micro-manager ses journées permet de sortir du cadre classique tout en conservant des horaires et des jours de télétravail similaires à ceux de la vie au bureau, bien que souvent plus matinales.

 

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Le télétravail n’a pas que des avantages

Bien que plébiscité par ses différentes parties prenantes, le télétravail suscite quelques critiques auprès des personnes qui le pratiquent. Qu’il s’agisse d’un temps de travail effectif plus important, d’une augmentation des coûts personnels mal ou non compensés par son employeur ou un sentiment d’être “fliqué” en permanence, les impacts négatifs ne sont pas à négliger.

Des journées de travail plus longues qu’au bureau

Lors de journées en télétravail, les salariés tendent à consacrer plus de temps à leurs tâches professionnelles. Entre le début de journée prématuré, l’absence de pause-café avec les collègues et des coupures du midi souvent passées à grignoter devant son ordinateur, le temps effectif à travailler se trouve largement boosté lors des journées passées loin des bureaux de son entreprise.

Cette journée plus longue s’accompagne d’une augmentation de la charge de travail ressentie qui tend à laisser penser que les managers intègrent cette hausse de la productivité dans la détermination des tâches à accomplir.

De mauvaises compensations du surcoût personnel

De nos jours, quasiment tous les appareils et outils de travail présents dans les bureaux sont ou peuvent être présents chez soi (ordinateur portable, scanner, fax, imprimante ou encore Internet). Lors d’une journée en télétravail, l’employeur bénéficie de certains équipements de ses salariés ainsi que de son chauffage, de son électricité,…

Pour 28 % des télétravailleurs, le mauvais remboursement de ces dépenses liées au télétravail est un motif de mécontentement. Un sentiment qui risque de s’aggraver avec la suppression de l’obligation de remboursement prévue dans la loi du 29 mars 2018.

Sensation d’être constamment surveillé

Pour les entreprises, le télétravail occasionne d’importantes répercussions dans la gestion de leurs risques informatiques. En permettant à leurs salariés de travailler sur des réseaux non sécurisés, elles doivent renforcer leurs investissements en cybersécurité et améliorer leurs procédures internes ainsi que la sensibilisation de leurs équipes.

Ces efforts de sécurité ainsi que l’utilisation d’outils participatifs comme Slack rend palpable la sensation d’être épié en permanence par son management ou par ses collègues.

Pour tirer pleinement avantage du télétravail, il est important qu’il repose sur le volontariat et que sa durée ne dépasse pas les 2 jours par semaine. Passé cette fréquence, le poids des inconvénients peut rapidement dépasser ses bienfaits.

Avec une durée moyenne de 7 jours par mois en France, le travail à domicile permet toutefois à de nombreux salariés du public et du privé de bénéficier d’une meilleure qualité de vie tout en consacrant plus de temps à travailler. Appelée “le paradoxe du télétravail”, cette singularité souligne l’importance de veiller en toutes circonstances au bon équilibre vie professionnelle – vie personnelle.