Pour beaucoup, travailler dans le secteur des jeux vidéo est une vocation. Un rêve. Mais attention… c’est un secteur où le savoir et les compétences comptent énormément. Petit tour d’horizon pour se faire une place dans cet univers, avec quelques conseils exclusifs de Lionel Bouchet, Technology Director chez Ubisoft.
Dans un contexte où la société se “gamifie”, tout devient matière à jeux vidéo. “Depuis l’avènement du smartphone, en particulier, le jeu vidéo s’est considérablement démocratisé… tout le monde ou presque joue à un moment dans sa vie. Même ma mère ! », explique Lionel.
Le marché du gaming explose
Cette démocratisation a profondément transformé le secteur des jeux vidéo. Émergence de nouveaux acteurs et de nouveaux métiers, développement de nouvelles techniques et technologies, essor de sous-secteurs tels que l’e-sport… le gaming vit une espèce de révolution permanente pour créer les conditions de compétitions palpitantes et séduire en continu les communautés de fans.
Selon plusieurs estimations, le marché du jeu vidéo compterait entre 2 et 3 milliards de joueurs réguliers, et pèse aujourd’hui, dans sa globalité, plus de 300 milliards d’euros — soit plus que les autres grandes industries de divertissement réunies, la musique et le cinéma.
Mais c’est aussi un monde au croisement de plusieurs univers. On pense à la réalité virtuelle et au métavers, aux NFT et aux cryptos… À ce propos, beaucoup de jeux ont lancé leurs monnaies virtuelles au cours des derniers années — les experts utilisent le terme de cryptogaming —, certaines cryptos ont même connu un succès important en termes de trading, à commencer par l’AXS d’Axie Infinity.
Ce côté “multivers” de l’univers du jeu vidéo est en tout cas à prendre en compte par tous les candidats et candidates souhaitant se lancer dans le grand bain !
Car cette profusion d’innovations et cette faculté du jeu vidéo à se jouer des frontières, annoncent, pour bien des experts, la création d’un monde axé sur le gaming. À l’image de Decentraland, qui marie jeux vidéos, commerce en ligne, et plateforme culturelle.
À ce jeu-là, la France a une vraie carte à jouer. Avec une multitude de petits et grands acteurs, présents sur tous les créneaux, et surtout des succès internationaux, qui font de l’Hexagone un pays clé du gaming, où l’on peut faire carrière. Et travailler pour le plaisir !
Le gaming, un monde ludique et glamour
Pour les heureux élus, le secteur présente beaucoup d’attraits. “C’est un univers forcément un peu glamour, entre art et technologies, avec des marques reconnues du grand public, confirme Lionel.
A l’image du cinéma, on a la chance de travailler sur des franchises comme Star Wars ou le prochain jeu Avatar : Frontiers of Pandora pour lequel nous travaillons d’ailleurs avec James Cameron. Et je pourrais vous citer plein d’autres exemples, comme Assassin’s Creed ou Just Dance. L’aspect ludique et “gameplay” attire forcément beaucoup de candidats vers nous.”
Être passionné(e) par les jeux vidéo ou ne pas l’être ?
C’est aussi un univers de passion. “On rencontre beaucoup de candidats et candidates qui connaissent tout. Mais il y a des métiers où il ne faut pas nécessairement être passionné(e).
Si vous êtes un programmeur outil des jeux et que vous devez développer une interface de programmation, vous n’avez pas forcément besoin de connaître par coeur les mécanismes de jeu. Et puis, on a aussi besoin de s’enrichir de candidats venant d’autres horizons, par exemple l’enseignement, la recherche, l’aéronautique ou encore la banque et l’assurance”.
En bref, selon les métiers, une bonne culture du jeu vidéo est soit juste un plus, soit un must.
Une formation plutôt qu’une autre pour percer dans le gaming ?
Mais attention… le gaming n’est pas que ludique. C’est aussi un domaine très sérieux, qui vise 100% de perfection. “C’est pourquoi nous recherchons des profils extrêmement compétents dans leur domaine, quelle que soit leur formation.”
À ce sujet, il n’y a pas de voie royale, “même s’il y a des écoles de jeux vidéos, comme l’Enjmin, qui assure des formations dédiées, mais qui forme plutôt des gameplay programmeurs.
En fait, pour vous donner un exemple précis, chez Ubisoft, pour trouver nos futurs illustrateurs, animateurs 3D ou designers, on recrute dans toutes les écoles d’art — Beaux-Arts, Gobelins, etc. —”.
Ingénieur & gaming… les profils qui ont la cote
Côté ingénieurs, les Polytechniciens, ou les Centraliens sont des profils très recherchés… et de façon générale, tous les diplômés d’écoles d’ingénieurs, d’écoles ou de facultés d’informatique. En bref, ce n’est pas tant la valeur du diplôme qui compte (même si c’est un plus) que les compétences réelles et l’envie des candidat(e)s qui vont être appréciées.
En parlant de compétences, il y a beaucoup d’attentes de la part des recruteurs dans un univers qui vise le zéro défaut. On peut être junior, évidemment, mais il y a des basiques qu’il faut maîtriser. Surtout pour postuler en game design. Comme le confirme Lionel. « On attend des candidat(e)s qu’ils aient des connaissances approfondies en gameplay et qu’ils comprennent parfaitement les mécanismes du jeu ».
Des qualités personnelles à ne pas négliger
Sur le plan personnel, tant pour les game designers que pour les artistes, il faut savoir faire preuve de polyvalence, de curiosité, d’ouverture d’esprit et de capacité d’analyse et de conviction pour défendre sa vision, son projet… » Sans oublier la capacité à travailler en équipe, car le design est, par nature, un travail collaboratif.
A lire aussi: comment reussir dans l’informatique avec soft-skills
Des compétences d’autant plus cruciales — et donc très recherchées par les recruteurs — que le game designer détient un rôle clé dans l’élaboration du gameplay. Et que, contrairement à une idée reçue, les places sont rares.
Sur le plan technique, les attentes sont là aussi très fortes. Même s’il ne faut pas nécessairement tout maîtriser sur le bout des doigts. Les profils polyvalents, mais ayant une expertise particulière dans un domaine, auront forcément plus de chances, sur le papier, de décrocher le graal.
De façon générale, on attend des candidat(e)s qu’ils/elles maîtrisent un moteur comme Unity, et s’y connaissent en level design et en modélisation 3D — par exemple, 3DS Max.
Jeux vidéos : zoom sur le métier de développeur
Qu’en est-il des compétences techniques attendues pour les développeurs ? Comme c’est un rôle crucial — on peut dire que c’est le programmeur qui tient les manettes — forcément, il faut être au top !
Première chose à prendre en compte, une excellente maîtrise de C++ est un pré-requis indispensable. Le sésame. « Pour la plupart de nos programmeurs, on fait du temps réel. Donc on développe en C++, langage complexe, mais très rapide.
En plus, sur console, PS5 et XBox Series X par exemple, c’est le seul langage autorisé. Donc, nos développeurs doivent le maîtriser à la perfection », abonde Lionel. Sachant que d’autres langages de programmation sont aussi recherchés, selon les postes ; on pense notamment à Java ou Python, pour les plus connus.
Autres compétences techniques indispensables, des connaissances en moteur de jeu (Unity ou Unreal Engine), en graphismes (Shaders HLSL…), mais aussi en programmation réseau et en outil de développement équipe, en fonction des sous-métiers/spécialisations visés.
Tout est question de dosage, confirme Lionel. « Les programmeurs outils ou online doivent surtout maîtriser le C-Sharp et/ou le Python. Pour les programmeurs graphiques, en termes de hard skills, c’est évidemment sur les Shaders qu’on insistera le plus. Du côté des soft skills, on va avoir besoin des mêmes compétences que pour les designers ».
À savoir une excellente capacité de collaboration / travail, une faculté à communiquer, une grande capacité d’analyse et d’expression. « Et chez Ubisoft, comme nous sommes une entreprise internationale — mais c’est aussi vrai pour beaucoup d’acteurs de l’industrie — nous cherchons plus particulièrement des profils ouverts au monde ».
Gaming et marché de l’emploi : des opportunités à saisir
Pas étonnant, quand on sait que la France est perçue à l’international comme un des pays du gaming. Une base, avec des entreprises leaders qui font régulièrement l’actualité. Ce qui se ressent sur le marché de l’emploi, toujours très porteur. « Il y a des métiers toujours en tension, où la demande est à la fois importante et soutenue.
Par exemple, pour les développeurs. Il ne faut pas oublier que nous sommes dans un univers technologique qui ne cesse de monter en puissance et que la concurrence avec les GAFA est très forte », souligne Lionel.
À coté des mastodontes et des licornes, il faut aussi compter sur toute une série de petits studios, qui parfois collaborent avec les gros et qui recrutent aussi beaucoup. Idéal pour apprendre beaucoup et vite, et engranger une première expérience, avec une belle rémunération de départ.
À ce sujet, c’est vraiment l’expérience et la rareté du savoir-faire qui fera la différence et pourra permettre de faire monter ses exigences. Parmi les compétences qui vont compter de plus en plus dans l’avenir, on peut noter, sur le plan technique, la VR et l’AI.
Des organisations du travail flexibles
Cerise sur le gâteau, c’est un secteur qui est de plus en plus ouvert à la flexibilité de l’organisation du travail. « À titre d’exemple, Ubisoft est clairement moteur en matière de flexibilité. On a mis en place des mesures de télétravail pour nous adapter à ce nouveau monde.
Aujourd’hui, lorsque toutes les conditions requises le permettent, il est possible d’aménager son temps de travail entre le domicile et le bureau. Il y a également la volonté d’offrir à nos employé(e)s le meilleur équilibre ». Est-ce que, pour autant, le télétravail total (ou quasi total) est possible ?
« Il y a encore des défis techniques à relever pour cela. Donc ça dépend vraiment des métiers, et du contexte de la demande. Mais si c’est un métier qui le permet, on est ouvert à la discussion », ajoute Lionel Bouchet. Aux candidat(e)s de se lancer !
Leave a Reply