Lancé par Microsoft en 2000 pour contrer l’avancée de la plate-forme J2EE de Sun, .Net rassemble aujourd’hui une communauté d’adeptes et de spécialistes Microsoft toujours plus importante. Néanmoins, .Net ne serait-il pas malmené par la montée en flèche de Java J2EE ? Elise Dupont, expert technique sur les technologies .Net nous apporte sa vision du marché.
Lesjeudis.com : Qu’est ce que le .Net ?
Elise Dupont : .Net est une plate-forme de développement orienté objet, lancée chez Microsoft fin 2000- début 2001. Depuis quelques années, des versions ont été adaptées pour Linux cependant.
Cette plate-forme est très vaste, et couvre tant les développements Web les plus récents (support Ajax, apparition de Silverlight le « concurrent » de Flash), les services (Web Services, services d’entreprise), ou les applications Windows (applications classiques dites Winform, mais aussi la nouvelle couche graphique issue de Vista, appelée WPF, qui permet une nouvelle expérience utilisateur).
Lesjeudis.com : On oppose souvent Java et .Net, quels sont les points essentiels qui forgent leurs différences ?
Elise Dupont : La différence principale est la culture. En effet, même si ces deux plates-formes sont différentes, elles permettent d’atteindre dans l’absolu les mêmes objectifs. Alors que les développeurs Java ont tendance à être issus d’une culture orientée objet très développée, il a été remarqué dans le passé que les premiers développeurs .Net étaient plutôt issus de technologies comme Visual Basic, et n’avaient donc pas ce bagage objet. Le recul étant plus faible en architecture, cela a dans un premier temps donné des projets dits « Quick and Dirty », à savoir développés vite et pas forcément de façon pérenne.
Depuis, évidemment, les deux plates-formes ont évolué, et se sont souvent apportées mutuellement. .Net s’inspirait de Java, et à présent Java s’inspire de .Net. Car la communauté .Net est devenue de plus en plus active.
Lesjeudis.com : .Net a semble t-il dépassé Java en terme d’utilisation. Comment l’expliquez-vous ?
Elise Dupont : Un des points forts de .Net est la productivité : cette plate-forme permet d’effectuer des développements plus rapides.
Enfin, une hypothèse plus personnelle : .Net étant plus récent que Java, et les développeurs étant apriori des informaticiens qui aiment la nouveauté et le challenge, cette plate-forme bénéficie de l’avantage de la « nouveauté », et attire donc chaque jour de plus en plus de développeurs. Ces compétences étant très recherchées et le marché de l’emploi au beau fixe, c’est parfois l’opportunité de changer de poste pour travailler sur des projets plus dynamiques et des technologies plus récentes.
Lesjeudis.com : Pensez-vous que .Net va encore continuer sa progression sur le marché ?
Elise Dupont : .Net est loin d’être arrivé à sa phase de déclin : en effet, Microsoft a encore étoffé la plate-forme avec un nombre important de nouveautés cette année (avec entre autre la sortie du Framework 3.5, la venue prochaine de Volta, etc…), nouveautés qui vont faciliter la vie des développeurs, simplifier des technologies existantes, ou permettre de pouvoir vraiment innover en termes d’ergonomie. Ces nouvelles briques vont nécessiter de nouvelles compétences et la maîtrise de nouveaux outils, à la fois chez les développeurs et les designers. Il pourra peut-être y avoir une certaine inertie sur le marché car il est vrai que chaque phase majeure de cette plate-forme n’a eu un impact sur le marché qu’environ deux à trois ans après leur apparition.
A cela, il faut rajouter le succès de Microsoft SharePoint 2007, qui commence à empiéter et à recruter sur le marché des développeurs .Net, et donc à réduire encore plus l’offre.
Le marché de l’emploi .Net va à mon avis poursuivre sur cette lancée pour les années à venir. Comme toute technologie, il finira probablement par se stabiliser mais il est difficile aujourd’hui de savoir quand.
Lesjeudis.com : Quels conseils donneriez-vous à un développeur ou informaticien souhaitant se positionner sur le modèle .Net ?
Elise Dupont : Que ce soit sur Java ou sur .Net, la différence se fait au niveau des méthodologies et notions d’architecture que possède le développeur.
.Net n’est qu’une plate-forme comme une autre. Le marché est actuellement encore à la recherche de personnes ayant un recul suffisant pour pouvoir prendre les bon choix techniques (Faut-il se baser ou pas sur un outil de mapping objet-relationnel ? quelles briques existantes utiliser ? est-il rentable sur ce projet d’utiliser de la programmation orientée aspects ou un Framework d’injection ?). Ces problématiques sont communes à tous les langages.
Il faut donc, idéalement, avoir une curiosité pour le monde objet et ses concepts, les progrès faits en architecture, et les outils existants du marché. C’est ce qui distinguera un développeur basique d’un expert en .Net.
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