Ce mois-ci, Lesjeudis.com vous propose un coup de projecteur sur la start-up Woleet. Offrant une plateforme d’ancrage de transactions simple basée sur un système complexe, la société met la technologie blockchain en pratique et participe à muer l’utopie en réalité concrète. Nous avons rencontré Gilles Cadignan, son CEO et co-founder.
Woleet utilise la blockchain Bitcoin via le protocole de preuves d’inscription d’empreintes Chainpoint, ouvert et interopérable de sorte que toutes les données sécurisées le restent même si Woleet venait à disparaître. Les opérations d’ancrage s’effectuent simplement, soit en utilisant l’interface web, soit par l’API REST pour une intégration directe à tout type de système d’information.
Ainsi, pendant que la majorité bruyante occupe le devant de la scène à promettre que ça va marcher, une minorité brillante s’occupe à montrer que ça marche déjà à un public de spécialistes qui en dit plus long que les meilleures publicités. Lauréate du challenge Breizh Amerika, la start-up bretonne part déjà à la conquête du marché US ! Tenté-e-s par l’aventure ? Jetez l’ancre sur contact@woleet.com, l’équipage cherche de nouveaux talents !
Pouvez-vous vous présenter et nous présenter votre société ?
Gilles Cadignan : Je suis président et cofondateur de la société Woleet qui exploite la technologie blockchain pour fournir un service de preuves numériques d’un nouveau genre. Notre plateforme permet de profiter au mieux de ce formidable changement de paradigme que nous offre Bitcoin et plus globalement la blockchain pour désintermédier et rendre plus efficaces tous les workflows alourdis par le besoin de confiance entre sociétés et/ou individus lors de leurs échanges numériques.
Vous souhaitez visiblement travailler à démocratiser la Blockchain comme vecteur sécurisé de transactions, mais restez hyper-spécialistes dans votre discours commercial. Ne craignez-vous pas de perdre un potentiel de clients intéressés mais exclus par ce savoir qu’ils ne peuvent s’approprier ? Une semi-vulgarisation de votre univers n’est-elle pas à envisager ?
G.C. : Nous assumons pleinement notre rôle de middleware hyper spécialisé. C’est d’ailleurs cela qui fait notre force auprès de ceux qui ont une compréhension assez poussée de la blockchain et qui ont ont bien cerné leurs propres besoins et la valeur ajoutée de notre service. Nous avons dès le départ fait le choix de nous construire une solide base technique avec un unique focus : la production. C’est pour cela d’ailleurs que nous devons être la startup blockchain française qui a réalisé le moins de PoC (ou preuve de concept). Nos choix techniques sont clairs : notre plateforme est production-ready et déjà utilisée dans des applications publiques bien concrètes. Nous attendons d’ailleurs cette année plusieurs applications basées sur notre plateforme en phase de bêta test actuellement et qui sortiront en cours d’année. Nous avons également notre propre projet vertical, Proof Agora, en cours de lancement, sur lequel nous comptons énormément.
Nous n’avons pas pour autant lésiné sur notre effort en éducation, en « évangélisation » à la technologie, mais pour ce qui est de notre produit de base, la plateforme SaaS, il est clairement destiné à un public averti. Plus globalement, nous avons la conviction qu’il faut des spécialistes à chaque « étage » de la pile technologique pour arriver à des applications concrètes. Lors de la révolution Internet, je ne connais aucune société vendant à la fois de modems, de l’accès internet, des logiciels, de l’infrastructure réseaux qui ait survécu. A l’inverse plusieurs « spécialistes » se sont concentrés sur une partie bien précise afin d’affirmer leur expertise et développer leur propre marché. La blockchain est dans la même situation qu’internet en 1991. Bitcoin est pour nous comparable à TCP/IP. Si on continue dans les analogies, Woleet serait le premier fournisseur de serveurs mails.
Dans la jungle des startups, de nombreuses entreprises connaissent un succès fulgurant en misant entièrement sur la communication d’un produit sans grand intérêt. Votre plateforme multi-clients facile d’accès est en revanche utile, ingénieuse, en un mot importante. Mais comment envisagez-vous de défendre sa légitimité, de la hisser dans le nécessaire fight for light qu’exige la concurrence ?
G.C. : Notre vision sur le sujet est assez simple, nous comptons nous démarquer par les usages. À partir du moment où nous hébergerons de plus en plus d’applications qui non seulement tournent en production mais possèdent une réelle utilité, nous gagnerons en légitimité. Nous voulons simplement démontrer par l’exemple. Un succès fulgurant au détriment de la véritable utilité ne nous intéresse pas. Nous ne pouvons que constater avec tristesse que ce genre de projets est légion dans l’écosystème blockchain. La vérité concernant cette technologie est que très peu de primitives techniques sont prêtes pour la production. Beaucoup tentent de vendre du rêve et des cas d’usage qui sont très loin d’être réalisés avec la technologie d’aujourd’hui. Nous souhaitons nous inscrire dans la durée et nous préférons bâtir quelque chose d’utile en faisant le pari que sur le long terme c’est cette stratégie qui s’avérera payante.
Quelle est votre force majeure, votre spécificité sur le marché ?
G.C. : Notre force majeure réside dans notre hyper-spécialisation. Nous nous attachons également à fournir le service le plus robuste et le plus fiable tout en se faisant un point d’honneur à offrir une scalabilité de plus en plus importante. Suite à nos efforts de R&D, notre plateforme est aujourd’hui capable de gérer des dizaines de millions d’opérations par jour et nous n’en sommes pas peu fiers. Notre approche se veut sans friction, et propose une nouvelle fonctionnalité facilement adaptable aux systèmes d’informations existants et ne nécessitant pas de bouleversements complets.
Votre technologie repose sur un ensemble de solutions profondément innovantes, mais pour certaines encore instables du point de vue de leur adoption grand public ou encore de leurs coûts cachés. N’est-ce pas effrayant, par exemple, de dépendre en quelque sorte de l’évolution du Bitcoin ? Sauriez-vous survivre sur ses cendres si l’infrastructure Bitcoin était désaffectée pour une concurrente plus fiable ?
G.C. : Nos choix technologiques forts prennent en compte cette donnée. Et c’est justement pour cela que nous nous basons sur la chaîne la plus résistante et la plus pérenne à ce jour. Bitcoin est le projet blockchain avec le plus haut niveau de R&D, le plus haut niveau d’infrastructures et d’investissements, tout cela basé sur un consensus autonome et distribué. Bitcoin est beaucoup moins « marketé » que d’autres projets, mais si on analyse le véritable travail réalisé, il n’y a pas photo. On me traite souvent de « Bitcoin maximalist » mais du point de vue technique et froidement comptable en termes de l’immutabilité, de longévité, de neutralité, de résistance aux attaques et surtout de disponibilité (99.99%), Bitcoin est très loin d’être désaffecté ou même caduc. Les autres infrastructures n’ont pas encore fait leur preuve ni sur les usages, ni sur leur robustesse ou leur sécurité. Baser un projet sur une blockchain privée ou sur Ethereum nous semble beaucoup plus risqué aujourd’hui. Dans tous les cas, notre veille constante nous permet de suivre toutes les avancées.
Avez-vous la sensation de maîtriser l’avenir, de lui faire confiance ou de parier sur lui ?
G.C. : Cela fait 4 ans que nos prévisions se sont globalement avérées justes. Nous n’envisageons l’avenir qu’en fonction des données que nous avons à notre disposition. En creusant un peu en 2013, cela était évident que Bitcoin allait complètement changer le monde. C’est à cette époque qu’est née la volonté de participer à cette révolution en préparation.
Vous êtes une toute jeune entreprise ayant bénéficié du programme StartMeUp et du cadre de l’incubateur Télécom Bretagne. Pour vous, la Bretagne est-elle propice au développement d’un projet innovant ? Vous êtes-vous senti aidé ?
G.C. : StartMeUp nous a mis le pied à l’étrier et l’incubateur de l’IMT Atlantique nous accompagne chaque jour en nous hébergeant et en nous conseillant. Nous sommes reconnaissants de ces institutions qui permettent à de jeunes pousses de débuter sereinement.
Des ambitions internationales ou d’abord l’envie de découvrir un nouveau modèle tout en participant au rayonnement de la Bretagne ?
G.C. : Nous avons clairement des ambitions internationales, et nous avons des actions de développement commercial en cours aux US, au Canada, en Europe et dans la zone ASEAN.
Enfin, après un an d’existence, un bilan ou un conseil à donner à de jeunes génies porteurs d’un projet probant ?
G.C. : Y croire
Woleet est-elle en quête de nouveaux talents ? A qui nos lecteurs doivent-ils s’adresser s’ils souhaitent rejoindre l’aventure Woleet ?
G.C. : Comme pas mal de startups dans le domaine, nous sommes effectivement à la recherche de talents. Pour ceux qui sont tenté par l’aventure, envoyez-nous un CV et une lettre de motivation !
Leave a Reply