À l’occasion de la Semaine Européenne pour l’Emploi des Personnes Handicapées (SEEPH) et du Live Tweet LesJeudis le 7 novembre à 13h, LesJeudis.com donne la parole à Gaëtan Marescaux, chargé de la Mission Handicap & Ergonomie « HAND’IT » pour l’ESN Modis (BU de The Adecco Group), afin d’évoquer sans tabous le sujet et faire le point sur le handicap en entreprise en 2017.
En 2015, Modis a signé avec ses partenaires sociaux un accord d’entreprise agréé par la DIRECCTE – direction du travail et de l’emploi. Cet accord renforce leur engagement à sensibiliser leurs managers et aussi à recruter, à accompagner et à maintenir dans l’emploi tous leurs collaborateurs en situation de handicap.
On peut être handicapant sans être handicapé, et être handicapé sans être le moins du monde un poids pour son entreprise. Seul le « je m’en foutisme » gâche parfois le talent. Le secteur de l’IT montre l’exemple en innovant chaque année davantage pour faciliter le handicap au travail, et briser les idées reçues car « de la différence de chacun, naît la réussite de tous ! »
Comment avez-vous pris conscience de la nécessité d’agir pour l’emploi des personnes handicapées ?
Je travaille depuis 20 ans dans la communication, et j’ai été Responsable Marketing Opérationnel dans le groupe pendant 7 ans avant de m’arrêter pour maladie. L’efficacité des relations humaines m’a toujours semblé étroitement liée au bien-être dans l’entreprise, à l’écoute de l’autre et à l’intégration de chacun. J’ai toujours été attentif à tout ce qui peut handicaper quelqu’un dans son travail : que ce soit un handicap visible, avéré, ou pas. 80% des handicaps ne se voient pas. Mais le déclic qui a orienté ma carrière par la suite, c’est justement quand je me suis retrouvé dans cette situation. J’ai dû m’arrêter 3 ans pour maladie invalidante, et quand je suis revenu, j’ai constaté par moi-même les problèmes. Il fallait être en mesure d’adapter le poste des personnes qui se retrouvent en situation de handicap, et pouvoir proposer des solutions aux personnes recrutées présentant des handicaps très variés. Nous avons analysé ces problèmes afin de dégager des mesures positives, à la fois structurantes et structurées : de là est née la Mission Handicap, visant à la fois à accompagner et à maintenir dans l’emploi tous nos collaborateurs en situation de handicap, mais aussi à recruter de nouveaux talents sans qu’aucun handicap ne puisse entraver nos choix.
Sur quels aspects du handicap au travail intervenez-vous principalement ?
A tous les niveaux ! En 2011, notre taux de recrutement de personnes en situation de handicap était de 1%; Actuellement, nous en sommes à 3% ! Un progrès considérable, d’autant que notre secteur est naturellement contraint : nous n’embauchons que des bacs + 5 en informatique et technologies de pointe, des profils déjà rares, et subissons en outre un phénomène de turn over extrêmement puissant ! Cette progression se confirme pourtant, et c’est la preuve que notre accord porte ses fruits : nos collaborateurs restent pour la plupart, parce qu’ils constatent qu’on met tout en œuvre pour enrichir leur vie au travail. Je ne parle pas uniquement en termes d’adaptation de postes. Bien gérer le handicap au travail, c’est agir au cas par cas, être à l’écoute quand le moral retombe, et développer une proximité plus forte en transversal. Nous ne voulons pas seulement que les personnes en situation de handicap puissent accéder à l’emploi. Nous voulons qu’elles se sentent bien et valorisées, comme tout autre salarié. Concrètement, nous sommes conscients par exemple que des handicaps assez lourds peuvent rendre certaines missions compliquées, voire impossibles. Pas question pour autant que les collaborateurs en question se sentent enfermés, limités, moins responsabilisés que les autres. Nous leur offrons donc des formations complémentaires, non-techniques, linguistiques par exemple (y compris le langage des signes), afin qu’ils puissent enrichir leurs compétences et varier leurs missions, voire leurs domaines d’intervention.
« Le handicap n’est évidemment pas un frein à l’embauche : nous recherchons des compétences »
Modis est un acteur incontournable des services numériques. Pouvez-vous nous décrire ses principales missions et ses projets ?
Modis est un groupe international réunissant plus de 5000 clients et s’appuyant sur un réseau de 28240 consultants, pour un chiffre d’affaires de 2588M€ dans le monde. Avec une dizaine d’implantations en France, il fait partie du Top 30 des meilleurs employeurs High Tech de France et apparaît sur le frenchweb en 3ème position du classement des ESN qui recrutent en 2017 !
La clé de cette réussite, ce sont bien sûr des collaborateurs investis, parce que Modis les accompagne tous individuellement dans la réussite de leurs parcours professionnels. Consultants, Business Managers, Fonctions Transverses, Modis recrute tous les jours de nouveaux profils prêts à s’engager pleinement dans les projets de transformation digitale de ses clients avec des solutions dédiées de conseil et des services d’outsourcing.
Modis intervient dans les secteurs de l’assurance, de la banque, de la distribution, de la finance, des sciences de la vie et des Télécom/Multimédias.
En 2017, Modis a lancé sa Digital Academy et s’engage à former et à recruter 100 techniciens et ingénieurs en informatique.
Chez Modis, l’esprit d’entreprendre, l’engagement, l’enthousiasme et la volonté de réussir sont des valeurs partagées au quotidien.
Modis est-il en quête de profils IT actuellement ? Et sont-ils tous accessibles aux personnes handicapées ?
Chez Modis, plus de 100 postes de consultants IT sont proposés actuellement sur toute la France et tous sont ouverts aux personnes en situation de handicap.
L’accord handicap agréé par la DIRECCTE intègre notamment la mise en place d’actions d’adaptation des postes de travail et de compensation du handicap.
Le handicap n’est évidemment pas un frein à l’embauche : il n’empêche pas le talent. Comme le souligne notre campagne, nous recherchons des compétences.
“Dépasser son handicap, c’est avoir la possibilité de le compenser“
Bien gérer son handicap au travail, c’est l’affirmer ou le dépasser ?
Les deux !
Affirmer son handicap, c’est d’abord le faire reconnaître par l’obtention d’une Reconnaissance en Qualité de Travailleur Handicapé plus communément appelée RQTH. Celle-ci, tout comme la déclaration volontaire de son handicap à l’employeur, relève d’une démarche personnelle.
Chez Modis, les salariés qui se sentent concernés, ou qui se posent des questions sur leur situation, bénéficient en toute confidentialité de l’écoute et de l’accompagnement du Chargé de Mission Handicap qui peut aussi les aider à compléter le dossier de demande de reconnaissance du handicap auprès de la MDPH (Maison Départementale pour les Personnes Handicapées).
Dépasser son handicap, c’est avoir la possibilité de le compenser en bénéficiant des avantages liés à la RQTH et, pour les entreprises sous accord, comme Modis, des dispositifs et des moyens spécifiques de maintien dans l’emploi, et d’adaptation des postes de travail.
Par conséquent, faire reconnaître son handicap au travail, c’est à la fois affirmer son handicap pour mieux le dépasser !
J’en suis la preuve ! En le déclarant spontanément, mon handicap m’aura finalement permis de repousser les limites que je m’imposais à tort, par crainte ou par appréhension.
Les évolutions techniques et technologiques récentes ont-elles permis de faciliter l’intégration du handicap au travail ?
Assurément !
Les nouvelles technologies permettent aujourd’hui d’améliorer considérablement l’information (réseaux, système, informatique, traitement du signal, logiciels spécialisés, domotique, neurophysiologie…) pour la mise en place de solutions facilitant l’intégration socio-économique des personnes handicapées physiques et sensorielles dans leur environnement social et professionnel.
Aujourd’hui, les fauteuils roulants motorisés tout terrain, les prothèses amovibles, mais aussi des applications pour trouver des places de parking répondent aux problématiques de mobilité et de déplacement.
L’accessibilité pour tous est possible grâce aux solutions développées pour les sites internet, et ce quel que soit le besoin de l’internaute (physique, sensoriel, cognitif,…).
Le lien social et la communication sont facilités par des logiciels qui retranscrivent en temps réel les discussions de groupe grâce à la reconnaissance vocale. Des décodeurs universels permettent de rendre compréhensible un propos qui ne l’était pas, tout comme certains outils améliorent la compréhension des sons ou l’amplification de l’écoute.
Les tablettes, notamment les tablettes braille pour représenter textes et graphiques, consoles de jeu pour les déficients visuels, ordinateurs adaptés, grands écrans tactiles et montres connectées sont autant de technologies qui s’ouvrent de plus en plus au handicap.
Chez Modis, en ouverture de SEEPH, nous avons choisi cette année de sensibiliser nos collaborateurs et nos clients en valorisant ces évolutions technologiques par le biais d’une conférence en partenariat avec la société TWIICE qui a développé un prototype d’exosquelette des membres inférieurs, permettant aux personnes souffrant de paraplégie de se lever et de marcher à nouveau.
Et nous en ferons la démonstration !
« Sensibiliser le grand public pour faire évoluer les mentalités »
Quelles actions menez-vous publiquement pour favoriser l’emploi en situation de handicap ?
Engagé depuis plusieurs années sur le sujet du handicap, Modis a structuré sa politique volontariste en favorisant les actions de recrutements et de communication auprès des candidats en situation de handicap.
Nous avons notamment édité un guide du handicap en entreprise qui leur est adressé afin de mieux les orienter dans leur recherche d’emploi et leur démarche de reconnaissance du handicap.
Cette année et pour la quatrième année consécutive, Modis a décidé de prendre la parole à l’occasion de la SEEPH qui vise à sensibiliser le grand public pour faire évoluer les mentalités et casser les préjugés sur les handicaps. Cette campagne de communication, que vous retrouverez dans la presse grand public (Cnews Matin), sur les sites médias spécialisés (ZDNet, 01Net, Le Monde Informatique), mais aussi sur lesjeudis.com, met en scène une idée reçue pour mieux la combattre, et mêle humour et complicité pour interpeller : « Je rêve ? Mon Handicap est un problème ? ». Ce ne sont pas les handicaps qui doivent attirer l’œil, mais bien l’absurdité des préjugés qui leur sont liés !
Rendez-vous le Mardi 7 novembre à 13h sur le compte Twitter LesJeudis pour un live tweet questions/réponses à l’occasion de la #SEEPH2017
Photo
Gaëtan Marescaux, chargé de la Mission Handicap & Ergonomie « HAND’IT » pour l’ESN Modis, reconnu en qualité de travailleur handicapé (RQTH).
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