Son arrivée sur le marché est prévue pour fin 2017, mais la DreamCam est déjà à l’essai depuis près d’un an dans le Digital Harbour de Melbourne, en Australie. Les premiers comptes-rendus livrés la semaine dernière à la clôture de l’IoT World à Paris affolent la communauté scientifique tout en offrant, littéralement, de nouveaux rêves d’avenir. Cette caméra thermique assortie de capteurs chimiques et électro-encéphalographiques analyse et retranscrit les rêves en séquences distinctes au format vidéo, constituant un hypnogramme augmenté consultable dès le réveil : elle aurait déjà été capable de transcrire 12 séquences vidéo en une nuit chez un sujet pas comme les autres : le créateur de la DreamCam lui-même !
S’il est difficile de développer la faculté de se souvenir de ses rêves avec plus ou moins de détails, il est désormais possible de réactiver les souvenirs en reconstituant la trame de chacun de ses rêves, mais également d’intervenir à moyen terme sur la quantité et la qualité des rêves, et même de se débarrasser d’angoisses ancrées depuis l’enfance. A terme, les chercheurs travaillant actuellement sur l’usage grand public de la DreamCam comptent se concentrer sur les vertus auto-curatives de l’appareil, en formant l’utilisateur à la gestion connectée de son sommeil : l’impact sur le stress, la confiance en soi, les phobies et le traitement de troubles psychologiques sérieux s’annoncent fondamentaux.
Une base de données propre à votre monde physique et sensible
Comment ça marche ?
Pour traduire en vidéo les projections imaginaires, la DreamCam a simplement besoin de collecter en amont votre “alphabet” imaginaire. En d’autres termes, il faut, avant de pouvoir utiliser le service de transcription, procéder à plusieurs séances d’enregistrement de données : vous êtes incité à suivre un moniteur qui, via des images ou termes clefs, vous invite à penser sur commande à tel ou tel proche, à tel ou tel lieu, mais provoque également vos émotions, vos envies et peurs par l’intermédiaire de médias divers. Peu à peu, la DreamCam rassemble une base de données propre à votre monde physique et sensible lui permettant de reconnaître l’environnement, les acteurs et les événements principaux de vos rêves. Plus vous enrichissez la base de données par la suite, plus les vidéos s’augmentent, s’enrichissent d’éléments. De plus, ces vidéos vous permettant de rafraîchir votre mémoire de façon stupéfiante, il vous est aussi possible de “corriger” une mauvaise interprétation repérée dans une séquence.
La révolution onirique est en marche
Si elles ont pour l’instant plus l’allure d’un jeu vintage que de séquences en réalité augmentée, c’est pourtant bien ce principe qui est exploité et devrait permettre à cette technologie de transcription de progresser très vite au niveau de la qualité du rendu vidéo. Selon Allan Thacker, directeur R&D chez DreamCatcher, “le passage d’une vidéo de qualité médiocre à un film digne d’une projection cinéma, à l’ère du big data, sera l’affaire de quelques années; autant dire une formalité : la révolution onirique est en marche”.
De nouvelles perspectives sur le plan des sciences cognitives
On connaissait l’attrape-rêves, cet objet artisanal issu de la culture amérindienne. Selon la croyance populaire, ce capteur de rêve empêche les cauchemars d’envahir le sommeil. Agissant comme un filtre, il capte les signes oniriques, conserve les belles images de la nuit et brûle les mauvaises visions aux premières lueurs du jour. On connaissait cette jolie légende et on y croyait comme on aime croire en sa chance quand on débusque un trèfle à quatre feuilles. Et pourtant, c’est désormais bien réel ! D’où le joli nom de DreamCatcher choisi par l’entreprise en charge du développement de la DreamCam.
Éveillant déjà de nouvelles perspectives sur le plan des sciences cognitives, notamment au niveau de l’interprétation et de la stimulation de l’imaginaire, la DreamCam est déjà capable de retranscrire en vidéo l’activité du cerveau pendant le sommeil paradoxal, mais également durant le sommeil lent, et s’avère susceptible d’intervenir sur les mauvais rêves en redirigeant l’imaginaire grâce à des impulsions neurobiologiques en cohérence avec le rêve en cours. Même sans chercher à provoquer le réveil, une diversion brutale aurait pour conséquence de rompre le rêve par un sursaut de conscience. Afin de ne pas perturber le sommeil, des signes agissant comme des distractions en arrière-plan du rêve suffisent à transformer un cauchemar en projection positive.
Des résultats inattendus
Décidément prometteuse, cette nouvelle technologie à l’essai apporte des résultats inattendus sur la population test, incluant le créateur de la DreamCam. Dans le panel des Beta testeurs, des grands rêveurs, mais aussi des gens qui rêvaient peu voire pas du tout, dormaient du fameux “sommeil de plomb” jusqu’à l’arrivée de la DreamCam dans leur vie nocturne. En effet, et toujours sur le principe de stimulus de perception sensorielle et / ou sensible provoqués de façon préconsciente, les sujets qui ne rêvaient pas, premiers hypnogrammes augmentés à l’appui, ont tous recouvré un accès à l’imaginaire fondamental du rêve, constatant au fil des mois le développement, pourtant conditionné une seule fois, de leurs rêves nocturnes.
Des séquences de vie parallèle
Autre impact positif : quelques séances ont suffi aux premiers sujets pour repérer l’influence du temps de sommeil, de l’heure du coucher et de la prise des derniers repas sur la qualité de leur sommeil et la quantité de rêves par rapport aux cauchemars, etc. Fascinés par la découverte de leur monde inconscient, ces derniers ont tous spontanément régulé leur cycle de sommeil de façon à mieux accéder à ces séquences de vie parallèle que représentent nos rêves. Il est déjà clair, selon le Pr. Nathan Descieldo (Hudson Institute of Medical Research, Clayton, Australie), que “la diffusion la plus large de cette manière d’envisager le sommeil devrait entraîner une réduction significative de la prescription de nombreux psychotropes utilisés comme somnifères”.
Mais, dans le domaine de la santé, les retombées envisagées grâce à l’usage public de cette technologie dépassent largement le cadre du sommeil. Cet “outil interactif non-intrusif et sous contrôle du patient devrait permettre de paramétrer, par le sommeil, l’équilibre comportemental global du sujet, sans recours systématique à la thérapie ou aux traitements médicamenteux” (Pr. Nathan Descieldo – Hudson Institute of Medical Research, Clayton, Australie).
Première compilation
Enfin, la première compilation de rêves filmés, projetée lors du séminaire Healthcare 2017, a provoqué hilarité, inspiration et émerveillement : mêlant absurdité apparente et cohérence sous-jacente, ces vidéos inclassables pourraient se révéler des réservoirs à idées non-bridés par les codes intégrés et difficiles à surpasser du raisonnable et du vraisemblable. L’art devrait y trouver une nouvelle matière première de choix…et pourquoi pas l’IT ? Ce qui est possible et improbable en rêve est impossible et donc très probable pour les pionniers de l’innovation technologique !
ON EN PINCE POUR VOUS 🙂
Il paraît qu’il faut parfois se pincer pour y croire. Alors ne vous pincez surtout pas ! Gardez votre jardin secret, rêvez en liberté, il n’existe pas encore de Big Brother capable d’infiltrer votre imaginaire par votre tympan ! Qui aime bien châtie bien, dit-on aussi…et on vous aime beaucoup, vous le savez bien: poisson d’avril les amis !
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