Le Chief Happiness Officer (ou Feel Good Manager, Captain Happiness, Mr Happy, on en passe !) pourrait avoir l’équivalent, dans notre petit patois français, de directeur du bonheur… Beaucoup moins fun ! L’oxymore pourrait même s’avérer dangereux : accoler “diriger” et “bonheur” dans le même intitulé, c’est un peu risqué. Et pourtant ! S’il est pris au sérieux, le Chief Happiness Officer peut avoir un impact énorme sur le bien-être des salariés et le succès de l’entreprise. Il ne faut simplement pas se fier au raccourci que le titre laisse suggérer : le CHO n’est pas un créateur de bonheur, mais bien celui qui fait en sorte de le rendre possible. On vous dit tout sur ce métier sorti tout droit de la vallée des Bisounours dorés.
A l’origine, le concept est né au cœur de la Silicon Valley, des cellules grises de Chade-Meng Tan, ‘un ingénieur embauché par Google pour veiller au développement et au bien-être de ses collaborateurs. Il s’élabore sur-mesure la fonction de « Jolly Good Fellow » (le joyeux camarade, cet ami qui vous veut du bien !) et crée le premier métier à tisser des liens du monde de l’entreprise. Il est désormais milliardaire et enseigne la méditation. Et ça en a fait méditer plus d’un !
Crash report : les chiffres choc
Derrière l’intitulé scintillant, une exigence humaine de premier plan, tant pour la santé publique que pour l’économie. La grande hypocrisie qui cultive l’image du bon élément forcément débordé, soucieux, stressé, se mord la queue depuis longtemps. Un employé stressé est un potentiel gâché. “On n’est pas là pour faire dans le social” ? Si, et ça urge ! L’humain ne se gère pas comme des chiffres et les chiffres le prouvent bien.
– En France, le coût social du stress a été estimé entre 2 et 3 milliards d’euros par an (source : INRS et Arts et Métiers ParisTech).
– En moyenne, 400 suicides directement liés au travail chaque année (source : conseil économique, social et départemental)
– En France, 480 000 salariés souffrent de manifestations pathologiques liées à de la souffrance psychique (source : INVS)
– Une étude menée chez Johnson & Johnson sur 6 ans a apporté des résultats stupéfiants : 250 000 de dollars d’économies réalisées grâce à la mise en place d’un programme de bien-être au travail, et en moyenne un ROI de 2,71 dollars pour chaque dollar investi.
– En Belgique aussi, ça fonctionne : « Depuis la création d’un poste de CHO, les salariés sont deux fois moins malades, six fois moins absents, neuf fois plus loyaux, 31 % plus productifs, 55 % plus créatifs, le taux de candidatures spontanées a augmenté de 500 %. Dans le même temps, le taux de départs volontaires a diminué de moitié.» (Laurence Vanhée , Chief Happiness Officer au ministère belge de la Sécurité sociale)
Happiness is Business
Ce rôle existe donc depuis longtemps dans de nombreuses entreprises, tout comme le burn out n’a pas attendu son nouveau nom de code pour faire des ravages en entreprise. On a simplement dépoussiéré ses fonctions éparpillées pour en faire un poste à part entière et une priorité assumée. Et il était temps ! Les dirigeants sont souvent les derniers à se rendre compte des problèmes qui se gangrènent derrière les sourires de convenance, et même après la prise de conscience, assumer publiquement qu’on dirige une entreprise malade n’est pas chose aisée. Admettre le problème est une preuve d’humilité et de bon sens, un premier pas qui coûte, mais qui paye.
Ses missions
Bonheur en entreprise, mission(s) impossible(s) ?
Oui…et non !
Bien sûr, on ne fabrique pas le bonheur, mais on peut créer les conditions qui le rendent possible. Selon le précepte épicurien, il est absence de douleurs (ou stress physique : surmenage, mauvaises habitudes alimentaires, addictions pour tenir la pression – café, cigarette, grignotage…) et de troubles de l’âme (ou stress psychologique : tensions relationnelles, harcèlement vertical ou horizontal, sentiment d’échec personnel, manque de reconnaissance, etc.). Le CHO est un antistress incarné qui reprend les missions auparavant réparties entre les RH, la com’, la médecine du travail et autres intermédiaires du monde de l’entreprise.
– médiateur : encourager le dialogue, créer du lien, entretenir les motivations au niveau individuel (suivi personnel, coaching…). Permettre une communication transversale.
– fédérateur : il a aussi pour mission d’entretenir l’ambiance, la cohésion, une culture d’entreprise positive en organisant notamment des activités amusantes : concours, ateliers créatifs, happy hours, événements et activités extérieures.
– moteur : par son dynamisme et son charisme, il doit donner un nouvel élan, redonner des valeurs, encourager les talents, cultiver une image valorisante de l’entreprise et à terme, bien sûr, booster la productivité.
Comment devient-on CHO ?
On ne devient pas CHO. On a le potentiel ou pas. Le CHO peut être bardé de diplômes ou pas; il doit être reconnu pour des qualités qui ne se détectent pas sur CV : écoute, empathie, enthousiasme, altruisme, charisme, humour, créativité, et surtout de l’énergie, beaucoup d’énergie. Le CHO, sous son costume de G.O, a en charge la plus insaisissable richesse de l’entreprise : l’humain. Sans véritable goût de l’autre, il n’arrivera à rien.
Il y a autant de CHO que d’entreprises : il est souvent choisi en interne pour miser sur un profil déjà remarqué, mais peut aussi être choisi à l’extérieur pour son regard neuf et son impartialité.
Salaire
Très variable, selon la fonction antérieure, l’expérience et le projet, mais peut évoluer considérablement si résultats probants. Un Chief Happiness Officer efficace peut sauver une entreprise. Les salaires varient entre 40 000 € annuels pour un chargé de communication et jusqu’à 100 000 € pour un directeur de communication, plus encore s’il intègre ou fait partie du comité de direction.
Vous vous reconnaissez ? Alors lancez-vous dès aujourd’hui à la poursuite du bonheur !
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