Ça ne parle que de ça en ce moment : les métavers ou ‘metaverse’ en anglais !
Si on se réfère à la définition de Metaverse, il s’agit d’un espace de réalité virtuelle dans lequel les utilisateurs peuvent interagir avec un environnement généré par ordinateur et d’autres utilisateurs.
Les plus vieux d’entre vous se souviennent sans doute de Second Life et encore avant ça, du Village 3D. En effet, l’idée d’un monde virtuel dans lequel on peut évoluer à l’aide de son avatar et avoir des interactions avec d’autres personnes n’est pas nouvelle.
Alors qu’est-ce qui change cette fois ?
De mon point de vue, pas grand-chose, si ce n’est une meilleure intégration de l’activité économique et du web dans le monde virtuel. En effet, lorsqu’on voulait acheter un objet dans un monde virtuel, il fallait forcément passer par un site à l’extérieur du monde virtuel et donner à l’éditeur du jeu des euros ou des dollars.
La cryptomonnaie et la décentralisation des flux financier permettent enfin de créer une véritable économie interne à tous les métavers où chacun pourra vendre et acheter tout ce qu’il souhaite sans pour autant repasser par l’éditeur du monde virtuel ou sortir du monde 3D. L’arrivée des casques de réalité virtuelle permet également de proposer une expérience encore plus immersive.
Tout cela a encore bien des défauts, mais les métavers d’avant étaient peut-être là trop tôt. Le signal fort qui a donné le départ a toute l’industrie a d’ailleurs été l’arrivée de Facebook dans le métavers. Et pour marquer le coup, Facebook a même changé de nom pour se renommer Meta.
Effet de mode ?
Alors forcément, tout le monde s’interroge. Effet de mode ou futur technologique certain ?
Pour ma part, je trouve le métavers en contradiction avec le mouvement IoT de ces dernières années où l’objectif était de nous libérer des écrans en intégrant Internet dans tous nos objets du quotidien. À tel point qu’on peut maintenant faire des courses ou envoyer des emails simplement avec le son de notre voix grâce à Google Home ou Amazon Alexa. Je voyais plutôt Internet se fondre dans la réalité.
Et avec le métavers, c’est le contraire qui nous est proposé. On nous offre une expérience virtuelle où nous devons nous fondre dans un monde virtuel, effaçant (un peu) la réalité qui nous entoure.
Peut-être que c’est un refuge pour beaucoup qui trouvent que le monde va mal et que IRL ce n’est pas si bien que ça. Ou peut-être que c’est simplement amusant comme un jeu vidéo ou une série Netflix.
Quoiqu’il en soit, en tant que développeur, vous ne devez pas louper cette opportunité. Le métavers est, certe, le buzzword à la mode dans le secteur des technologies. Mais qu’est-ce que cela signifie ? S’agira-t-il d’une technologie ouverte, comme peuvent l’être le web ou quelques mondes 3D contrôlés par Google, Facebook ou encore Microsoft ?
Ne soyez pas effrayé, car il n’y a rien de technologiquement nouveau dans toute cette histoire de métavers. Concrètement, cela revient à développer un genre de jeu 3D accessible depuis un grand nombre de plateformes, que ce soit des OS, des navigateurs, des consoles de jeux ou des casques VR comme l’Oculus.
Pour le moment, contrairement aux smartphones où vous avez le choix (en gros) entre l’écosystème d’Apple et de Google, pour le Metaverse, actuellement, il n’y a pas de leader. Je dis pour le moment, car Facebook compte bien prendre la tête de ce mouvement.
Évidemment, ça recrute beaucoup d’ingénieurs et de développeurs dans le secteur des métavers en ce moment. Que ce soit les GAFAM comme Microsoft ou Apple, mais également les nouvelles entreprises qui sont dans le domaine de la cryptomonnaie et des blockchains. Je pense à OpenSea, Solana, Decentralant, The Sandbox et même Niantic (Pokemon Go) qui a décidé de s’y mettre.
Ça fait beaucoup de projets et on pourrait naïvement se dire qu’à la fin il n’en restera qu’un, car on ne pourra pas s’éparpiller entre plusieurs mondes. Mais je pense qu’il faut plutôt voir le métavers comme ce qu’est le web. C’est-à-dire un amas de mondes virtuels interconnectés. D’où l’importance des standards.
Que vous soyez développeur AR (réalité augmentée), VR (réalité virtuelle), concepteur 3D, expert en blockchain…etc., vous pouvez trouver des offres d’emploi liées à un projet de Metaverse.
Quels langages ?
Mais évidemment, il y a certains langages de programmation qui vous seront plus utiles si vous voulez contribuer à l’émergence du prochain métavers.
Je pense d’abord à C# qui est le langage de programmation de référence pour la plateforme Unity. Très utilisée par les studios indépendants de jeux vidéo, mais également les étudiants et quelques gros éditeurs de jeux, Unity est avec Unreal Engine, l’un des plus gros moteurs de jeu actuels.
Unreal Engine quand a lui utilise C++ comme langage principal. Maitriser C++ est donc également un gros avantage. Par exemple, Niantic recrute beaucoup de développeurs C++, car ils utilisent ce moteur 3D.
Vous le savez, avec l’arrivée du Web 3, c’est à dire du web décentralisé, le navigateur Web reste la porte d’entrée principale. Alors évidemment, qui dit navigateur web, dit JavaScript. Avec JavaScript, on peut coder une blockchain, mais également faire des applications de VR et de RA directement depuis le browser. Decentraland en est le parfait exemple.
Un autre langage incontournable est bien sûr Python qui reste facile à apprendre et qui vous permettra de concevoir des interfaces VR / AR simplement et de connecter tout cela avec une blockchain par exemple.
Je n’ai pas parlé de Solidity encore, mais sachez que ce langage orienté objet mis au point par Ethereum sera indispensable si vous souhaitez écrire des smart contracts (contrats intelligents) dans la blockchain. Car oui, le métavers est indissociable des blockchains notamment pour le développement économique des plateformes. Je pense surtout aux NFTs en disant ça, car les NFT permettent d’attribuer la propriété d’un objet numérique ou d’une parcelle sans que cela soit falsifiable. C’est la brique qui manquait aux mondes virtuels des années 2000.
Enfin, c’est un peu moins courant, mais il y a également des demandes concernant Rust. Solana par exemple utilise beaucoup se langage et l’écosystème Rust est en pleine croissance. Le projet Audius qui propose un genre de Spotify décentralisé où les artistes peuvent gagner de l’argent directement grâce aux écoutes des fans et une cryptomonnaie, utilise ce langage.
Les technologies du métavers ouvert
En termes de technologies, c’est assez foisonnant. Évidemment, il y a tous les moteurs 3D et logiciels de conceptions 3D qui sont concernés par la révolution Metaverse. Je pense à Unreal Engine d’Epic, Unity, Amazon Sumerian, Maya d’Autodesk et le logiciel libre Blender.
Mais en tant que développeur, les technologies et les protocoles sont également incontournables. Le premier c’est évidemment WebXR, une API mise au point par Mozilla qui permet aux applications et aux contenus web de s’interfacer avec du matériel de réalité augmentée ou virtuelle.
Ainsi, on peut directement depuis le navigateur profiter d’une expérience immersive dans un casque Oculus ou autre. WebXR gère le processus de rendu des vues nécessaires à l’expérience 3D, la détection du mouvement du casque (ou d’un autre équipement de détection de mouvement), les entrées des contrôleurs et fournit les données nécessaires à la mise à jour de l’application.
Ce n’est donc pas une technologie de rendu 3D comme l’est WebGL, mais plutôt une technologie qui permet de relier un monde virtuel à un matériel au travers du navigateur.
En termes de protocoles, les métavers utilisent différentes briques qui permettent d’offrir une expérience complète. Je vous invite donc à vous intéresser à Ethereum bien sûr pour tout ce qui est smart contracts, à IPFS pour le stockage et la distribution de contenu décentralisé, mais également à des formats comme VRM qui est un format de fichier pour les avatars 3D de forme humaine.
glTF est également un projet à regarder puisqu’il permet de créer des modèles et des scènes en 3D au format JSON. Cela permet de minimiser les ressources 3D et le traitement d’exécution nécessaires à la décompression et à l’utilisation des assets 3D.
Un autre projet qui je pense est utile au métavers, mais également au Web3, c’est le projet Dat. Celui-ci est un mix entre BitTorrent et Git. Le contenu que vous mettez à dispo sur le web reste éditable, avec un historique de suivi comme Git mais également distribué entre de nombreux pairs (peer) de manière décentralisée. Si vous avez utilisé le navigateur Beaker, vous vous êtes déjà frotté à Dat.
Concernant les moteurs 3D, il y en a de très nombreux open sources dont voici une liste non exhaustive, qui sont utilisé par les partisans du métavers ouvert (open métavers) :
- Janus Guide
- JanusWeb
- Spoke
- Open Brush
- Three.js editor
- Babylonjs editor
- Vircadia
- Tivoli Cloud
- Decentraland
- Webaverse
- XR3ngine
D’autres projets se concentrent également sur la création d’avatars 3D : Ready Player Me, VRoid ou encore Crypto Avatars.
Il y a également en ce moment un gros engouement pour le moteur de jeu open source GODOT qui est utilisé par le métavers Realm. En effet, celui-ci est beaucoup plus abordable techniquement par les débutants que du C++ par exemple (Unreal Engine).
L’Open Metaverse Interoperability Group (OMI) est également un projet à surveiller, car son but est de fournir un cadre ouvert pour lier les métavers avec des protocoles, social graph, et objets 3D compatibles.
Les initiatives propriétaires
Concernant les initiatives plus fermées, il y a évidemment Microsoft qui lors de sa dernière conférence Build a parlé du « métavers d’entreprise ». C’est à dire nouvelle couche qui fait le lien entre les mondes numériques et physiques. Microsoft dispose en effet de tous les outils pour faire du métavers notamment grâce à l’offre Azure.
Ce qu’ils ont présenté est encore très lié au monde réel et au monde du travail, avec des avatars qui vous ressembleront, et des biens et services identiques au monde réel. Bref, pas très « fancy » comme vous pouvez le voir dans cet article.
De son côté, NVidia continue de travailler sur son projet Omniverse lancé en mars 2019, qui est tout simplement une plateforme collaborative ouverte permettant aux studios de travailler en temps réel sur leurs projet. Il faut dire que Omniverse repose sur une technologie baptisée USD et développée par Pixar qui est à la 3D ce que le HTML est au web.
USD signifie Universal Scene Description et permettra de se connecter au métavers ouvert que ce soit avec un simple ordinateur ou un casque de VR / AR. Un SDK est d’ailleurs disponible pour ceux qui veulent.
Enfin Facebook renommé Meta qui annonce que son avenir sera Metaverse n’a encore rien sorti. Toutefois comme ils sont propriétaires d’Oculus, ça risque de pas mal bouger à ce niveau dans les années qui viennent.
Ce qui risque de se développer de ce côté, c’est peut-être un moyen d’échanger avec ses proches et interagir avec l’univers Facebook (les contenus, les amis, les petites annonces…etc.) au travers d’un monde virtuel, avec bien évidemment toute l’économie liée à une future cryptomonnaie de Facebook. Le Diem (anciennement Libra) a l’air toutefois mal parti tant cela effraye les états.
D’autres initiatives fermées sont également intéressantes :
Enfin côté No Code, étrangement, il y a également quelques projets qui se montent comme Metaverses.io qui propose à chacun moyennant finance de créer leur propre métavers 3D pour ensuite y inviter jusqu’à 50 personnes qui pourront alors communiquer en audio et vidéo.
Chacun de ces mondes est connectable ce qui permet d’augmenter le nombre de participant et comme le projet utilise WebXR et WebRTC, il fonctionne sur tout type d’appareil, y compris les casques VR / AR. C’est un projet intéressant pour créer un métavers événementiel en quelques heures.
Quoiqu’il en soit, cette histoire de métaverses n’est pas finie. On risque à l’avenir d’avoir un accroissement du nombre de métavers en plus de ceux qu’on connait comme Decentraland, Cryptovoxels, Axie Infinity, Enjin, Somnium Space, ou The Sandbox.
Si tous ces métavers n’arrivent pas à s’entendre pour s’interconnecter, il y aura alors beaucoup de disparition de ces projets et on va sûrement se retrouver dans la même position que ce qu’on vit actuellement avec les GAFAM, à savoir des géants du métavers qui raflent tout.
Mais cela va être passionnant, car de nouveaux métiers vont voir le jour. Au-delà des développeurs qui créeront ces métavers, on va sûrement voir arriver des experts en sécurisation de métavers, des meta-architectes qui concevront des habitations voire des mondes, des scénaristes qui mettront au point des quêtes ou des histoires à vivre dans ces mondes virtuels, et je passe sur toutes les recherches scientifiques qu’il y aura à faire autour des technologies 3D ou d’immersion sensorielle, sans parler des sciences humaines liées.
Car qui sait si notre plongeon dans ces mondes virtuels n’aura pas d’impact sur nos sociétés et notre humanité ?
lauth
bonjour,
j’ai une idée et voudrais la développer dans le metaverse . cependant l’informatique est pas une de mes compétences et je ne sais pas comment m’y prendre. pouvez vous m aider ?
cordiales salutations virtuelles
catherine lauth
Ivan Jovanovic
Merci pour cette synthèse.
Très utile.