Fondée en 2013, la start-up Whaller s’est créée autour d’une idée simple : les réseaux sociaux ont conquis notre quotidien. Oui, mais… Avec le temps, nos « amis » se retrouvent noyés dans une masse confuse de contacts. À trop vouloir être proche de chacun on devient impersonnel avec tout le monde, pendant que nos ersatz virtuels sèment joyeusement nos données personnelles, aussitôt pillées et éparpillées dans le grand siphon du Big Data.
C’est pourquoi Whaller nous propose de créer nos propres réseaux, de les organiser en cohérence avec « la vraie vie » : entre amis, collègues, connaissances, membres d’association, famille, etc. Whaller, permet de profiter des avantages des contenus personnalisés, de la navigation facilitée – que permet l’exploitation des données personnelles publiques tout en profitant d’un espace dédié, infini, libre et protégé. Rencontre avec Thomas Faure, fondateur de cette plateforme gardienne de nos données privées.
Pouvez-vous nous décrire en quelques mots le monde parallèle Whaller ? Et pourquoi ce nom ?
Thomas Faure : Whaller n’est pas un monde parallèle, mais bien le nôtre ! Et c’est précisément l’idée de la plateforme : que chacun puisse créer ses propres réseaux sociaux privatifs. Cependant votre expression est intéressante. En un sens vous avez parfaitement raison : il existe autre chose que Facebook-Twitter-Linkedin ! Et pour tout autre chose aussi : sur Whaller chacun peut créer ses réseaux réels – vos entreprises, vos associations, votre école, etc. C’est ainsi plus qu’un seul monde parallèle mais… autant que chacun le souhaite. Sur Whaller : zéro exploitation de données, zéro publicité, zéro espace public.
Comment Vincent Bolloré a-t-il été séduit par votre projet et quelle est son implication aujourd’hui ?
T.F. : Vincent Bolloré est l’homme d’affaire qui nous a permis de tout faire, il a investi dans le projet, en a fait une entreprise avec nous, et nous a toujours soutenus. Son implication est d’abord la confiance qu’il nous accorde, et elle est totale. Je ne sais pas comment il a pu être séduit par un projet aussi fou cependant, à moins qu’il soit visionnaire !
« J’ai eu l’immense opportunité de rencontrer Vincent Bolloré, l’immense chance de le convaincre »
Vous avez créé votre start up au sein du groupe Bolloré. Pourquoi ce choix ? C’est l’incubateur qu’il fallait à la croissance d’un nouveau modèle ?
T.F. : Oh les mots “incubateurs” et “startup” ont des sens multiples. La réalité est que j’ai eu l’immense opportunité de rencontrer Vincent Bolloré, l’immense chance de le convaincre, et que nous bénéficions naturellement de la force de ce grand groupe breton en matière d’accompagnement.
Convaincre un groupe industriel et familial j’insiste sur ce dernier point a été la meilleure chose que nous puissions faire, cela a soutenu la vision à long terme que nous portons, et a évité que nous subissions une pression continue de petits investisseurs obsédés par des gains immédiats.
Et cette vision ne peut s’inscrire que dans un changement profond des habitudes et des outils des internautes. Nous voulons être des acteurs concrets du monde que nous laisserons à nos enfants. Et il nous semble que certains outils numériques, notamment les médias sociaux, asservissent plus qu’ils ne rendent service à l’Homme. Et nous devons combattre cela : nous méritons mieux que d’être de simples générateurs de data exploitables !
Le réseau Whaller a-t-il pour ambition de compléter ou de remplacer les autres réseaux sociaux, de les condenser en quelque sorte ?
T.F. : L’ambition que nous avons ne s’envisage pas “en fonction” des autres réseaux sociaux. D’ailleurs nous pensons que ces plateformes sont maintenant devenues des médias bâtis sur les réseaux qu’ils ont matérialisés. Ou devrais-je dire sur LE réseau, car aucune ne distingue plusieurs réseaux comme Whaller le fait ; la preuve : vous n’êtes qu'”amis” avec vos relations Facebook.
Whaller est un outil qui porte un modèle relationnel plus proche de nos vrais besoins : nous ne pensons pas que l’avenir du monde se situe dans la maximisation des relations interpersonnelles, mais plutôt dans leur qualité. On ne peut être amis avec 1000 personnes. L’ambition de Whaller c’est que chacun puisse y créer ses propres réseaux… qualitatifs ! Les échanges en seront moins additifs, et au service de ceux qui les produisent.
« Maîtriser un outil est la première condition de sa bonne utilisation »
“Maîtrisez et enrichissez vos échanges” mais “gardez le contrôle” sur vos propres données : en somme Whaller s’adresse à ceux qui ne veulent pas partager leurs données mais souhaitent utiliser celles des autres ?
T.F. : Voilà une question intéressante ! La maîtrise de ses échanges c’est d’abord simplement savoir à qui on s’adresse… ça peut paraître trivial, mais c’est tout sauf une évidence ! Le postulat de Whaller est de créer des espaces de confiance les sphères qui sont protégés et étanches des autres sphères par défaut. Une fois dans une sphère vous pouvez profiter d’un outil très puissant et riche en fonctionnalités. Whaller redonne ce sentiment de maîtrise qui est perdu ailleurs. Maîtriser un outil est la première condition de sa bonne utilisation.
Whaller se présente comme le vrai réseau social, plus proche de nos rapports humains. Sauf que, dans la vie, côté privé comme côté pro, beaucoup cherchent l’ouverture, les liens inattendus ! L’aspiration au “vivons heureux vivons cachés” est-elle encore compatible à nos vies ?
T.F. : Certes, alors… Levons la tête de nos écrans ! Apprenons à entrer en contact avec celui ou celle que nous ne connaissons pas, qui nous intrigue ou nous passionne ! La vie n’a jamais été virtuelle, et les “liens inattendus” présentés par les médias sociaux sont une chimère, une illusion égocentrée. Les vrais liens inattendus sont dans la vraie vie ! Et Whaller est au service de cette vraie vie, jamais virtuelle, parfois numérique !
« La seule voie de l’innovation est de penser autrement »
Vous illustrez très bien le concept de disruptive innovation théorisé par Clayton Christensen. Est-ce votre vision du progrès ?
T.F. : Oui, nous battre contre des géants sur le même terrain serait vain, nous serions morts sans les avoir affaiblis une seule fois. La seule voie de l’innovation est de “penser autrement”, penser différemment, ne pas écouter les hypothèses communément admises, construire sa propre route. Un innovateur ne pense pas comme le monde, il essaye de le construire. Il est question d’aventure et d’embûches ! Mais peu importe si on garde les pieds sur terre et qu’on maintient le cap.
Whaller c’est ici et maintenant, ou d’abord un pari sur l’avenir ?
T.F. : Décidément j’apprécie vos questions. Whaller c’est un pari sur l’avenir… que nous tentons de rendre contemporain. Et cela devient ici et maintenant. C’est précisément dans ce mécanisme de concrétisation d’une idée future que ce situe la satisfaction d’entreprendre.
L’ouverture à l’international, une évidence ?
T.F. : Plus qu’une évidence : une priorité absolue. Whaller est un outil universel bâti sur un réseau mondial. Aujourd’hui plus de réseaux se créent en dehors de nos frontières nationales qu’en dedans.
Quelle est la force majeure de Whaller ?
T.F. : Sa vision.
Un bilan sur la fréquentation de Whaller aujourd’hui ?
T.F. : Nous ne suivons pas les chiffres de fréquentation, nous poursuivons notre idéal contre vents et marée.
Quel conseil à ceux qui hésitent à se lancer ?
T.F. : La vie appartient à ceux qui savent prendre des risques, et… votre décision doit être un engagement ! Soyez persévérant.
Et si Whaller n’utilise pas la data récoltée, quel est son business modèle ? Gratuit pour les particuliers et les associations, la start up propose des offres premium et premium + pour les pros avec davantage d’espace de stockage et d’options de gestion.
Whaller recherche actuellement (février 2017) deux développeurs PHP FullStack. A vos CV !
CV Thomas Faure, PDG Fondateur de Whaller
– Août 1983 : naissance sous une bonne étoile !
– à 6 ans, il obtient le premier prix de l’imagination : tiens, tiens.
– à 12 ans, il découvre le scoutisme et avec des valeurs qui ne le quitteront plus autonomie, responsabilité, sens du concret, travail en équipe. 3 ans plus tard il dirige sa patrouille scout !
– à 23 ans, diplômé de Centrale Lille, il se marie et part vivre au Mali, en coopération pendant un an
– à 24 ans, entrée dans le monde du travail.
– à 28 ans, commence à coder Whaller et se constitue peu à peu une équipe motivée par la vision portée par ce projet.
– à 29 ans, rencontre avec Vincent Bolloré : il lui présente son projet et le prototype.
– Pas encore 30 ans et le voici PDG de Whaller.
– 2017 : 33 ans et une start-up qui monte, monte, monte
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