Depuis 1971, Davos accueille les plus hauts dirigeants d’Etats, de gouvernements et d’entreprises pour le Forum économique mondial. Au programme cette année, cinq jours de conférences et de débats sur la situation économique internationale. La première préoccupation des décideurs sera la quatrième révolution industrielle, celle de l’intelligence artificielle, des objets connectés et de l’impression 3D. Quels seront les impacts de cette révolution numérique et technologique sur les emplois d’ici 2020 ? Éléments de réponses.
Les plus grands décideurs économiques et politiques de la planète – une cinquantaine de chefs d’Etat et 1 200 dirigeants d’une centaine de pays – se retrouvent du 17 au 20 janvier 2017 au 47ème forum économique de Davos, en Suisse. Avant son coup d’envoi, les organisateurs ont publié un rapport (Global Risks Report 2017) réalisé auprès de 750 experts mondiaux, sur les principaux risques que va connaître le monde en 2017. Outre les risques climatiques, et les fractures sociales ou les changements politiques, un sujet se dégage du rapport : l’accélération du développement des technologies dans le domaine de la robotique, de l’intelligence artificielle pourrait avoir un impact négatif sur l’emploi, créer une nouvelle forme d’inégalités ou encore d’entraîner un risque financier avec des investissements non maîtrisés. Cela se traduirait par une perte nette de 5,1 millions d’emplois dans 15 pays, France compris, d’ici 2020.
L’automatisation et l’intelligence artificielle : un danger pour le marché du travail en France ?
La 4ème révolution industrielle fait peser « de nouveaux risques mondiaux » sur le marché du travail. Cependant, selon les travaux du Conseil d’orientation pour l’emploi (COE), moins de 10% des emplois en France présente un risque élevé de remplacement par des robots et/ou logiciels. En effet, l’automatisation massive et complète, le remplacement des hommes par des machines ou des applications d’intelligence artificielle (IA), n’est pas encore d’actualité en France. Toutefois, les emplois des « cols bleus » (agents d’entretien, ouvriers qualifiés des industries de process et ouvriers non qualifiés de la manutention) et administratifs n’en sont pas moins inquiétés. Près d’un emploi sur deux devra évoluer et se transformer sous l’effet de l’automatisation et de la numérisation. Mais peu de professions seront totalement remplacées par des machines et applications intelligentes durant la prochaine décennie.
Creusement des disparités hommes-femmes
Toujours selon le rapport du Forum économique mondial, les femmes seront moins nombreuses que les hommes à profiter des emplois de la 4ème révolution industrie. Ces dernières étant minoritaires dans les STEM (sciences, technologies, ingénierie et mathématiques), mais plus nombreuses dans des fonctions susceptibles d’être automatisées, comme le travail à la chaîne ou l’emploi administratif, elles sont donc plus exposées au déclassement. Le forum déclare que « les femmes risquent de perdre les meilleures opportunités d’emploi de demain » si la tendance ne change pas. Il est donc important de mener des campagnes d’information dès le plus jeune âge pour inciter davantage de femmes à se lancer, à progresser et à gagner leur vie dans les technologies.
Le « burn-out digital mondial »
Dans son article sur Davos, La Tribune décrit les business leaders « au bord du burn-out digital ! » Dans une étude réalisée par PwC auprès de 1400 chefs d’entreprise de 83 pays, membres de la communauté de Davos, le moral n’est pas au beau fixe. Seuls 27% du panel prévoit une amélioration de la croissance en 2017, soit 10 points de moins que l’an dernier. Entre techno-optimistes et pessimistes du progrès, les avis sont tranchés.
Certains économistes estiment que la nouvelle économie devrait produire de nombreux postes de travail après une phase de destruction, mais rien n’est moins sûr. Jusqu’ici chaque révolution industrielle s’est accompagnée par un progrès social et humain, avec un temps de transition : la première révolution industrielle (celle du charbon et de la machine à vapeur), puis la seconde (l’électricité et le travail à la chaîne), voire même la troisième (celle de l’informatisation) ont toujours conduit à des progrès de productivité et à la création de plus d’emplois qu’il n’en a été détruit. Avec la quatrième révolution industrielle, nous entrons dans l’inconnu, peut-être une forme de création destructrice. Même aux Etats-Unis, le doute apparaît : selon le très sérieux Wall Street Journal, la « destruction créatrice » semble plutôt faire place à une « déception technologique ».
Quelles solutions ?
Selon le rapport, « la société n’évolue pas au même rythme que les évolutions technologique ». Les politiques doivent donc intervenir rapidement pour changer la donne. Selon les experts, pour y remédier, il faudrait mettre en œuvre des formations et valoriser certains métiers pour remédier rapidement aux risques de pertes d’emploi.
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